Ce terme n’est pas repris tel quel dans le Code de la route, mais il est largement utilisé dans le langage courant des motards. Il se réfère à l’article 16.2bis concerne les motards. Pour rappel, une motocyclette est un véhicule à moteur à deux roues et qui est tout sauf un cyclomoteur. Un conducteur de scooter 125 cm³ est un motocycliste tout comme celui qui roule en CBR 1000.
L’interfile, késako ?
Dès l’apparition d’embouteillages, les motos sont autorisées à remonter les files. Leur faible encombrement leur permet de ne pas être bloqué dans le trafic routier. C’est surtout vrai aux endroits aux larges bandes de circulation comme l’autoroute, mais l’interfile peut se faire partout dès lors que des files se forment et que la vitesse est réduite. Pour rappel, cet exercice n’est jamais obligatoire. Un motard peut décider de rester dans les bouchons.
Les règles d’application
1. La vitesse
Le motocycliste en interfile ne peut pas dépasser les 50 km/h. Une fois qu’il dépasse cette limite, il doit reprendre sa place dans une des bandes de circulation. Il ne peut pas non plus dépasser un différentiel de vitesse de 20 km/h avec la file la plus lente. Autrement dit, si la bande la plus lente roule à 20 km/h, le motard peut rouler jusqu’à 40 km/h. Si la bande la plus lente se déplace à 40 km/h, le motocycliste peut remonter jusqu’à… 50 km/h. D’autres règles doivent être respectées comme le placement.
Ce n’est pas toujours évident de connaître la limite, mais il faut comprendre l’esprit de la loi. Le but est d’éviter d’avoir des motards qui filent à toute allure. À tout moment, un véhicule peut décider de changer de bande sans prévenir. Le temps de réaction et la distance de freinage ne peuvent échapper à la collision. Quand le trafic est complètement arrêté, il n’est pas rare d’avoir un passager ouvrir sa portière sans se rendre compte que des motos peuvent surgir. L’autre cas accidentogène concerne la zone d’entrée ou de sortie sur les voies rapides.
2. Autoroutes et routes pour automobiles
Dans l’absolu, le motard choisi l’endroit où il remonte les véhicules. Entre les deux bandes de droite, les deux de gauche… Sur l’autoroute et la route pour automobiles, l’interfile se pratique UNIQUEMENT entre les deux bandes situées le plus à gauche. La raison est sécuritaire. Un automobiliste pourrait se déporter d’un côté pour laisser passer un motard mais aussi en mettant en danger la remontée d’un autre motard de l’autre côté. Aussi, la première bande est très souvent occupée par des poids lourds. En cas de trafic dense, il n’y a plus de notion de dépassement et les gros tonnages peuvent se retrouver sur la deuxième bande. Se retrouver en sandwich entre deux camions n’est jamais une bonne idée.
3. Les feux de détresse et klaxon sont interdits
En observant les deux roues à faire de l’interfile, ils sont nombreux à faire usage des feux de détresse. Pourtant, ce cas n’est pas repris dans le Code de la route. C’est donc bien une infraction au sens juridique. Dans la pratique, c’est toléré puisque l’idée est de rendre le motard plus visible.
On peut voir des motards en interfile s’agacer de ne pas pouvoir passer. Au mieux, ils attendent, font un appel de phare ou dégainent un coup de gaz. Au pire, ils gueulent ou klaxonnent. Non seulement, c’est totalement interdit, mais en plus ça agacent tout le monde !
4. La remontée n’est pas un dépassement, sauf…
Jusqu’à présent, je parle de “remontée” et pas de “dépassement”. L’interfile fait partie des exceptions. Les motos remontent les files sans faire de dépassement. Il y a une exception à l’exception. À l’approche d’un passage pour piétons ou un passage pour cyclistes et cyclomoteurs à deux roues, c’est considéré comme un dépassement. Et on sait qu’en s’approchant d’un tel passage, il est interdit de dépasser.
Pour les motocyclistes, circuler entre deux bandes de circulation ou files […] n’est pas considéré comme un dépassement, sauf pour l’application de l’article 17.2, 5°.
La pratique
Les jeunes motards auront sans doute un peu de mal à se prêter à l’exercice. En restant coincés dans les embouts, ils vont très vite se prêter au jeu. Ce n’est pas très compliqué, mais ça demande d’y aller progressivement sans prendre de risques. Certains automobilistes ont l’amabilité de se décaler pour laisser plus d’espace. Dans leur esprit, il peut s’agir de courtoisie. Pourtant, en cas d’embouteillages, les automobilistes sont tenus de se placer à l’extérieur de leur bande pour créer un “couloir de secours” même si aucun véhicule prioritaire en mission urgente n’est en approche. Ce large espace profite alors aux motards.